Collection des incertitudes
La Collection des incertitudes trouve sa source dans les collections patrimoniales belges digitalisées rendues publiques. Grâce aux catalogues accessibles en ligne et à la numérisation progressive des collections, la recherche s'ouvre non seulement aux classifications et descriptions scientifiques mais également aux parties ‘notes’ ou ‘remarques’ de la notice, tout en facilitant les recherches croisées et mélangeant les mots-clefs du thésaurus aux éléments inscrits plus librement. Ainsi, paradoxalement, plus le-la scientifique ou l’archiviste fournit des détails – en annotant et par là en introduisant des nuances – sur l’origine d’un objet, plus les champs du probable, de l’irrésolu et du possible s’ouvrent à nous. Les objets parfois figés à une date ou à une fonction peuvent dorénavant devenir des objets illustrant le doute, une autre histoire possible ou non tranchée. La Collection des incertitudes est constituée de l'ensemble des items dont la notice contient un vocabulaire à tendance incertaine, c'est-à-dire des mots tels que ‘probable.s’, ‘probablement’, ‘sans doute’, ‘peut-être’, ‘presque’, ‘parfois’, ‘incertain.e.s’, etc. et ceci en langues française, néerlandaise ou anglaise. Elle se compose d'une dizaine à quelques milliers d' ‘articles’ selon les langues ou les niveaux d'incertitude choisis, et ce sans résultats identiques pour des mots traduits et quasi équivalents. Selon les ajouts ou les modifications, elle est en perpétuelle évolution, tout comme les savoirs, elle évolue au gré des connaissances et des reconnaissances incertaines du monde scientifique.
Projet développé par Marie Lécrivain et Colm o'Neill, initié ensemble avec Martin Campillo
Collection: Musée d'art et d'histoire (Carmentis)
Reconnaissance esquissée
Du pain, un nez, un kangourou ou un ours en peluche?
Une photo de la collection du Musée des Instruments de Musique est traitée par un algorithme de détection de contours. L'algorithme dessine les lignes qu'il trouve dans l'image l’une après l'autre. Pendant qu’il trace les lignes, un autre algorithme, un détecteur de croquis, essaie de deviner ce que les lignes représentent. Est-ce du pain? Un kangourou? C'est un ours en peluche.
Reconnaissance Esquissée (titre provisoire) essaie de provoquer un dialogue entre et avec les algorithmes, les visiteur.euse.s et les collections de musées.
Projet développé par Nicolas Malevé et Michael Murtaugh
Collection: Musical Instruments Museum (MIM)
Lorsque les arbres organiques rencontrent l'arbre binaire
Wikipédia et Wikidata sont utilisés dans le monde entier pour créer des logiciels linguistiques, tels que des applications de traduction et des fonctions d'autocomplétion dans les moteurs de recherche. Les données de Wikipédia et Wikidata sont accessibles et gratuites, les informations sont à jour et existent dans de nombreuses langues.
Lorsque les arbres biologiques cherchent à savoir comment ils sont représentés dans ces bases de données, les structures culturelles et de pouvoir deviennent visibles. Ce travail montre, par exemple, que toutes les langues n'y sont pas présentes de la même manière. De plus, le terme de recherche 'arbre' mène à des arbres individuels, comme le châtaignier qui vivait à côté de la maison d'Anne Frank. Alors que même un enfant peut facilement désigner un arbre dans la vie physique, le concept d'arbre est un défi pour les programmeur.rice.s dans le monde numérique.
C'est le résultat de la culture de classification qui existait au XVIIIe siècle, et plus particulièrement du médecin et scientifique suédois Carl Linnaeus. Son système de classification est à la base de la nomenclature botanique contemporaine. Un arbre n'existe pas dans cette nomenclature, suite à l'idée que toute plante peut potentiellement devenir un arbre, selon le climat dans lequel elle se trouve.
'Lorsque les arbres organiques rencontrent l'arbre binaire' donne une voix aux arbres, aux algorithmes et aux personnes. Leurs histoires visuelles offrent un point de vue critique sur le processus de création des applications et autres logiciels que nous utilisons au quotidien.
Concept: Anaïs Berck
Réalisation: Anaïs Berck, Gijs de Heij
Arbres: toutes les espèces appartenant aux familles définies sur Wikipédia
Code: Python, Sparqle, Turtle, Jinja, Imagemagick
Version antérieure: Wikified Colonial Botany
Collections: Wikidata, Wikipedia
Voyages matériels à travers d'autres réalités
Empilements et volumes de matière brute ôtés de leur place lors de leur acquisition par une collection muséale. Présentés sous leur forme accumulative et collective, ce sont des contours de grandes piles, la masse de son corps et de votre corps ensemble.
Apportez vos cheveux et vos os, venez vous asseoir avec nous.
Nous vous promettons de vous guider.
Projet développé par Mia Melvær et Phil Langley
Collection: Art and History Museum (Carmentis)
Le poids des choses
Le poids des choses met en avant l’espace de négociation qui se cache derrière l'acte de déclarer des éléments du patrimoine immatériel et qui reste invisible dans l’inventaire tel que représenté par la base de données. En établissant un parallèle entre le travail impliqué dans l’assemblage d’un élément du patrimoine et les agents formalistes, tels que le formulaire de demande d'entrée d'un élement dans la base de donée, ce projet met en évidence le "poids" des élements du patrimoine immatériel comme espace narratif entre l'utilisation et la représentation.
Le nom du projet vient du réglage ‘trier les poids’, qui n’est accessible qu’aux gestionnaires de contenu d’immaterieelerfgoed.be. Le réglage détermine dans quel ordre les éléments doivent être affichés sur le site web. Bien qu’il s’agisse d’une caractéristique commune des sites en ligne, il reflète les nombreuses manières avec lesquelles les modérateur.rice.s imprègnent l’interaction du public avec le patrimoine ainsi que la forme physique des choses immatérielles.
Lorsque des éléments du patrimoine immatériel défilent devant le.la visiteur.euse, l'ordre dans lequel ils font leur apparition peut être modifié.
Projet développé par Cristina Cochior
Architecture de site: Ruben van de Ven
Interviewée: Ellen Janssens
Collection: immaterieelerfgoed.be
Une nouvelle cérémonie du feu
Intention curatoriale pour un catalogue numérique, proposée par AAM 00071.1
Pour cette édition de DiVersion(s), nous proposons d'expérimenter un prototype de catalogue en ligne qui met en scène et illustre la discussion et le dialogue entre deux déesses. Carmentis, la déesse romaine associée à l'innovation technologique qui donne son nom au catalogue numérique du Musée MRAH, et l'objet de collection AA0071.1 Tzitzimime (ou Xochiquetzal) qui est la déesse aztèque qui tous les 52 ans menace de détruire le monde, à moins que les humains ne renouvellent leurs connaissances lors de la Nouvelle Cérémonie de Feu.
Ce catalogue est destiné à mettre en valeur et à explorer l'ambiguïté des processus de structuration des données qui, avec leurs versions et leurs conflits, transposent l'histoire coloniale du musée aux infrastructures numériques. L'objectif est de construire une relation croisée entre les récits (d'origine, d'authenticité, de prophétie/paternité, de démonstration de pouvoir,...) intégrés dans le modèle de production de connaissances de la base de données et du catalogue du musée, ainsi que les structures informationnelles du langage hypertexte et des navigateurs Internet. (...)
Projet développé par Zoumana Meïté avec Martino Morandi
Collection: Musée d'art et d'histoire (Carmentis)
Diff3r3nt3sVversionsSontPOSSIBLES ?!.
Si nous acceptons qu' #UnAutreMondeEstPossible, alors peut-être que cette aspiration devrait s'étendre et se concrétiser autour de nous sur plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines. Si nous pouvons penser à de nombreuses manifestations de différence(s), pour une variété d'expériences/subjectivités et de contextes, nous devrions considérer non seulement les différences d'informations et de connaissances en termes de contenu, mais aussi leur forme, leur logique, leur expérience et leurs points d'accès. Les différentes versions de différentes "vérités" ne sont pas seulement des perspectives et des arguments différents dans le système, mais aussi des systèmes (de création de monde), des modèles de visionnement et de création d'argumentation potentiellement différents. Dans le cas du projet monumental Wikipédia, cela devrait aller loin. Alors que ce projet de biens communs numériques vise à être libre, ouvert, participatif, collaboratif, accessible, neutre, cumulatif et universel, il ne parvient pas à s'adapter aux différents modes de (re)production et, par conséquent, aux différentes réalités. Atteignant des proportions épiques, ilnormalise les aspirations hégémoniques des administrateur(rice).s de Wikipédia, dont la réputation de discipline est assez notoire. Ce sont les protocoles et les armatures de type institutionnel, qui sont construits pour soutenir une vision particulière du travail encyclopédique, qui réduisent également l'élasticité qui était autrefois essentielle pour la (sous-)culture(s) Wiki.
Le mot hawaïen "Wiki" signifie "rapide" et a été initialement utilisé pour décrire le développement de contenu web par la création spontanée, organique et progressive de site web ; sa structure émergeait de l'accumulation de contenu et formait une articulation par le biais d'une édition et d'un remaniement constants. Ward Cunningham (auteur du premier WikiWikiWeb) s'est intéressé au suivi du nombre et des emplacements des éditions de pages wiki en tant qu'expérience sociologique et a même considéré la dégradation d'une page wiki comme faisant partie de son processus vers la stabilité. "Il y a celleux qui donnent et celleux qui prennent. Vous pouvez le savoir en lisant ce qu'iels écrivent". (Ward Cunningham, 2009) L'état actuel de Wikipédia en tant que plateforme laisse peu de place pour imaginer de telles approches non formelles et non normalisées et/ou un espace pour l'expérimentation ; la marge de manœuvre pour s'écarter des normes est super limitée, si même possible. Les conflits de contenu comme les "guerres d'édition" sont cachés sous un seul onglet et rien sur la page d'accueil ne donne l'impression d'une contestation potentielle ou même simplement d'une dynamique de pouvoir venant du web.
Diff3r3nt3sVversionsSontPOSSIBLES ?!. souligne certains de ces problèmes de manière explicite et implicite en considérant les perspectives queer comme des positions contre-normatives qui ne sont pas seulement des interventions antagonistes mais aussi ridiculisent et espèrent rétracter la logique dominante de l'objectivité d'un seul "point de vue neutre" et ses implications oppressives.
Projet développé par Z.
Collection: Wikipedia
Info
DiVersions v2
sept installations en ligne
Comment les collections numériques des institutions culturelles pourraient-elles accueillir des points de vue différents, voire opposés ? Dans les sept installations en ligne réunies ici, les artistes repensent les possibilités du patrimoine culturel en ligne à travers des perspectives décoloniales et intersectionnelles. Et si l'on s'arrangeait autrement, si l'on inventait des moyens matériels de se déplacer avec les données et si l'on écoutait les incertitudes des métadonnées ?
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DiVersions v1
Une première version des installations physiques fût présentée au Pianofabriek en octobre 2019. Sur la base de réflexions et de discussions entre les artistes et avec les visiteur.euse.s, cette deuxième version de DiVersions a été entièrement retravaillée.
DiVersions v1 au Pianofabriek, Bruxelles
Visites guidées
Plusieurs visites guidées avec des artistes et des organisatrices sont prévues dans les prochains mois. Veuillez consulter le site web de Constant pour connaître les dernières dates ou si vous souhaitez visiter en groupe à d'autres dates, contactez : donatella@constantvzw.org
Publication v1.1
Un pdf et une publication wiki avec articles, réflections et les contributions des artistes a été éditée à l'automne 2019. Une seconde version de la publication sera lancée à l'iMAL (Bruxelles) et De Krook (Gand) en Décember 2020.
Colophon
Avec: La collection des incertitudes (Marie Lécrivain et Colm o’Neill), Reconnaissance Esquisée (Michael Murtaugh et Nicolas Malevé), Lorsque les arbres organiques rencontrent l'arbre binaire (Anaïs Berck), Voyages matériels à travers d'autres réalités (Mia Melvær et Phil Mangley), Le poids des choses (Cristina Cochior), Une nouvelle cérémonie de feu (Zoumana Meïté et Martino Morandi) et Diff3r3nt3sVversionsSontPOSSIBLES ?!. (Z)
Scénographique: Mia Melvær and Cristina Cochior
Concept et développement de la publication: OSP (Sarah Magnan, Gijs de Heij)
DiVersions fut initié par Constant et fût développé en collaboration avec UGent - Department of Educational Studies, Werkplaats immaterieel erfgoed, meemoo - L'Institut Flamand pour l'Archive - Centre d'expertise sur le patrimoine numérique RoSa - Centre de connaissances sur le genre et le féminisme.